Un certain nombre de facteurs (ignorance, convoitise, haine ) font tourner la Roue des Renaissances, et l’énergie représentative est l’énergie karmique qui lie les causes et leurs effets/conséquences. C’est pour quoi cela est souvent appelée Loi de cause à effet, et dans la sphère humaine cette loi porte sur les conséquences des actions du corps, de la parole et de l’esprit. Ces conséquences sont très importantes dans la conception bouddhique. Toute action voulue, même subtilement (d’un point de vue psychanalytique on pourrait dire « inconsciemment »…) génère toujours un « fruit » de qualité morale similaire, car dans la sphère humaine, le Karma fonctionne de manière éthique
Ce raisonnement ne peut pas être utilisé dans un jugement inapproprié. Si quelqu’un tombe malade, on ne peut pas déclarer : « Ah, c’est le résultat de son karma passé. Il récolte ce qu’il a semé ». Cette attitude ignorerait le fait que d’autres forces non karmiques sont en jeu. Notre corps étant organique est sujet à mûrir et à se dégradé quel que soit notre comportement. Ainsi d’autres facteurs circonstanciels peuvent influer sur notre état et sur la manière dont vont les phénomènes. Les scientifiques découvrent chaque jour que les lois – et en termes bouddhiques Karma est une loi – fonctionnent jusqu’à un certain point, et au-delà duquel « tout » peut arriver. Le Bouddha lui-même a impliqué un tel sous-entendu lorsqu’il réprimanda son loyal disciple Ananda qui prétendait qu’il avait totalement et parfaitement compris ce qu’est le karma.
Origines du concept « Karma »:
Mark Greene (Ph.D.) a recherché les origines de cette expression :
Karma vient de karman, utilisé dans la tradition védique (culture dominante à l’époque du Bouddha historique), qui est dérivé de la racine sanscrite /kr = faire = action. Cette racine décrit l’action du sacrifice rituel.
Cette notion du sacrifice védique s’est développée à travers les âges, a évolué et est devenue beaucoup plus qu’une simple action : M. Greene s’appuie ensuite sur le raisonnement de Herman Tull qui décrit la création du monde suivant les Rig-Véda.
Le Purusasukta, un des livres du Rig-Véda, décrit la création du cosmos par la divinité Purusha en 2 phases :
- Il s’est « répandu en une infinité de morceaux dans toutes les directions, en ce qui mange et ce qui ne mange pas ». Puisque les cosmos sont au départ en un état primordial d’indifférenciation, cette expansion du dieu Purusha dans toutes les directions l’a établi « comme la matière (materia prima) initiale de création.
- L’essence répartie de Purusha entraîna le cosmos d’en une forme manifeste au travers des formes concrètes que sont la terre, le soleil, la lune, et l’humanité.
Le point central de cette généalogie de la création de la sphère humaine est le sacrifice nécessaire à la création. L’acte suprême de création ne peut arriver que par l’acte suprême (l’action) de sacrifice du corps du créateur.
« La forme de ce sacrifice est le démembrement » (Rig-Véda). Le sacrifice védique, « l’action » du sacrifice reflète et renforce l’idée qu’en quelque chose de mourant, il y a le germe de quelque chose de nouveau à naître. Au moment de sa mort celui qui fait le sacrifice entre dans une sphère macroscopique et ainsi transcende le symbolisme du rituel en devenant une partie du cosmos. Sa mort et donc sa renaissance potentielle prennent leur forme de la structure du cosmos reflétée dans le microcosme du rituel qu’il a réalisé de manière dévouée au travers de sa vie.
En reconnaissant la création même comme le résultat d’un acte désintéressé de sacrifice, l’on comprend que « en vérité on devient bon par de bonnes actions, et mauvais par de mauvaises actions » (Bhradaranyak Upanisad). On ne peut s’empêcher de penser par analogie au sacrifice chrétien. Dans les 2 cas un sacrifice suprême est réalisé par une divinité dont la mort offre la vie à l’humanité – On notera aussi le parallèle entre la création du cosmos et l’idée contemporaine du Big Bang. Chaque durée de vie est un terrain où l’individu doit faire ses preuves, et lutter pour améliorer son karma qui s’accumule, et se libérer ainsi du samsara (voir base du Bouddhisme), du cercle des renaissances pour s’unifier à Brahman(Être suprême dans les Rig-Véda, l’Universel, l’Unique, l’Un dans la diversité).
Attention, pour les bouddhistes il n’y a pas d’être en soi, à la grande différence du brahmanisme et de son évolution l’hindouisme.
Pour plus d’informations, voir le site de Mark Greene, Ph.D., sujet : Karma and Archetype : A Teleological Unfolding of Self.1995