La 2e Topique freudienne se rapproche des systèmes junguien et hindouiste/ bouddhique :
- Moi conscient = Ego / Personna = Mental propre (constitué par les parties conscientes du mental pensant, du mental dynamique et du mental agent d’expression)
- Moi inconscient = Ombre = Mental vital
- Animus = Vital mental
Le surmoi est une entité bien séparée chez Freud, mais chez Jung l’éthique et la morale font partie de la persona. Jung et le système hindouiste/ bouddhique donnent une description topologique plus précise du Ça, de l’inconscient.
Le système hindouiste/ bouddhique possède aussi une partie consciente et inconsciente/ subconsciente. Le Moi est plus détaillé (Mental pensant, Mental dynamique, Agent d’expression), et possède aussi une partie inconsciente (Mental vital, Vital mental), cette dernière est à rapprocher de l’ombre ou de la partie inconsciente du moi.
La partie « physique » est la partie mentale « animale » inconsciente, c’est le lieu des pulsions vitales (faim, soif, sexe) et de l’instinct, c’est un concept-limite exprimant l’interdépendance du corps et de l’esprit, ce que Freud appelle le Ça.
Il y a donc une constante dans la réflexion humaine sur la psychê (l’âme) : il y a toujours deux parties, l’une consciente et liée à la volonté, à la connaissance d’un moi (ego, moi, mental pensant), et l’autre inconsciente dans le sens d’incontrôlable par la volonté, la raison, ou l’intelligence.
La description de l’inconscient par Jung est très intéressante en ce qui concerne les pôles de structuration de l’inconscient (archétypes).
Une grande différence est que Jung distingue toujours le masculin du féminin, les 2 autres systèmes ne le font pas.
Il y a certainement un rapport direct entre l’archétype Magna Mater et le Vital mental qui exprime la matrice vitale comme la Magna Mater, et entre l’ombre qui contient les désirs individuels non développés ou refoulés, et le Mental vital qui exprime des désirs, des sentiments sous forme de rêves ou de fictions.
Un autre point intéressant est la notion de surmoi qui intègre les valeurs des principaux éducateurs de l’enfant (en général père et mère). Si le surmoi contient une projection symbolique du père et de la mère, alors il est à relier à « anima (image de la mère pour l’homme) et archétype Éternel Sagesse (image du père pour l’homme) », ainsi qu’à « animus (image du père pour la femme) et Magna Mater (image de la mère pour la femme) de Jung qui contiennent aussi des images symboliques du père et de la mère.
L’affrontement de l’archétype sexuel (anima/ animus) représente le dépassement du complexe d’Œdipe (pour les hommes) et du complexe d’Électre (pour les femmes), et l’affrontement de l’archétype Lumière représente le début de l’éveil bouddhique.
Je cite enfin Freud (Nouvelles conférences d’introduction à la psychanalyse, traduction Rode-Marie Zeitlin, p.110, édition Gallimard, Folio/Essais, 1989-2000): « On peut aussi se représenter sans peine que certaines pratiques mystiques sont capables de renverser les relations normales entre les différentes circonscriptions psychiques, de sorte que par exemple, la perception peut saisir, dans le moi profond et dans le ça, des rapports qui lui étaient autrement inaccessibles. Pourra-t-on par cette voie se rendre maître des dernières vérités dont on attend le salut? On peut tranquillement en douter. Nous admettrons toutefois que les efforts thérapeutiques de la psychanalyse se sont choisi un point d’attaque similaire. Leur intention est en effet de fortifier le moi, de le rendre plus indépendant du surmoi, d’élargir son champ de perception et de consolider son organisation de sorte qu’il puisse s’approprier de nouveaux morceaux du ça. Là où était du ça, doit advenir du moi. »
S. Freud dit ici clairement que certaines pratiques mystiques ont finalement le même but que la psychanalyse. Ce but est de rendre conscient ce qui est inconscient. Si le but est le même, est-ce que les résultats obtenus sont identiques? Freud en doute » tranquillement ». La psychanalyse porte sur une étendue de vie, elle se pose des questions sur l’influence phylogénétique, l’influence de l’histoire, de la culture, des ancêtres, mais n’apporte pas de réponse précise puisque l’on touche à la métaphysique. C’est ici qu’entrent les réponses bouddhiques, expériences vécues par les maîtres et les pratiquants avancés.