- Désir et aversion
- Triple désir
8-1 Désir et aversion
Si le projet de base de la pratique bouddhique la plus courante est de démasquer l’illusion de l’ego pour ce qu’il est, un des principaux axes d’attaque est le désir. Le désir est considéré, dans la littérature bouddhique, comme un poison, une « maladie ». Il n’y a aucun être vivant dans un corps qui ne soit pas sujet au désir.
Le désir n’existe et ne grandit que parce qu’on lui en laisse la place. Lorsqu’on le restreint en y appliquant une éthique et une attention consciente des phénomènes, il se stabilise et commence à diminuer. Ceci dit, ce n’est pas un processus simple et facile, car les désirs anciens réclament satisfaction depuis longtemps.
Ce type de pensée s’oppose directement à notre société moderne de consommation, où le désir est encouragé, voire créé, par les puissantes agences de marketing, de publicité, pour le commerce et l’industrie. Mais il s’oppose aussi aux désirs plus basiques – comme avoir une famille, de la richesse, ou le plaisir des sens – sanctionnés dans des sociétés plus traditionnelles ou plus simples, y compris celle où est né le Bouddha. Aucune paix n’est possible tant que le désir nous assaille continuellement.
L’opposé du désir est l’aversion, repousser tout ce qui nous déplaît étant en opposition à vouloir saisir tout ce qui nous plaît. L’aversion aussi doit être atténuée. Convoitise, aversion et leur pair, l’illusion, sont les erreurs de base, les faiblesses de caractère qui nous conduisent à travers le pénible cycle des renaissances. Elles sont représentées symboliquement dans la roue de la vie par un coq, un serpent, et un cochon qui se chassent mutuellement et se mordent la queue dans un cercle sans fin.
Voici des extraits de la Sutra (Sutta) Pitaka (Corbeille de l’enseignement) du Canon Pali de la doctrine du Bouddha Gautama:
La première noble proposition concerne la Souffrance, la seconde concerne l’Origine de la souffrance, la troisième est sur la Cessation de la Souffrance, et la quatrième sur la Voie qui mène à la Cessation de la Souffrance.
Extraits de la deuxième proposition.
« La Noble Vérité de l’origine de la souffrance:
D.22 Et qu’est-ce que la Noble Vérité de l’origine de la souffrance?
C’est le désir avide donnant lieu aux nouvelles renaissances qui, lié au plaisir et à la convoitise trouve toujours ici ou là de nouveaux délices.
8.2 – Le triple désir
Il existe le désir sensuel, le désir d’existence éternelle (croyance en l’éternité, croyance en une entité-ego absolue et éternelle persistant indépendamment de notre corps), le désir de bonheur temporel.(croyance de l’idée matérialiste d’un ego plus ou moins annihilé par la mort et n’ayant aucune relation avec le temps d’avant la naissance ou d’après la mort)
Mais où le désir prend-il racine?
Partout où dans le monde il y a plaisir ou délices, là, le désir s’éveille et prend racine. L’œil, l’oreille, le nez, la langue, le corps, l’esprit sont délicieux et plaisants, là, le désir s’éveille et prend racine.
Les formes, les sons, les odeurs, les goûts, le contact physique et les idées sont délicieux et plaisants, là, le désir s’éveille et prend racine.
La conscience, le contact des sens, la sensation née de ce contact, la perception, la volonté, le désir, la pensée, la réflexion, sont délicieux et plaisants, là, le désir s’éveille et prend racine.
M.38 Si, lorsque l’on perçoit une forme visible, un son, une odeur, un goût, un contact physique, ou une idée dans l’esprit, l’objet est perçu est agréable, l’on est attiré vers lui; s’il est désagréable, on en est éloigné. »
Extraits de la troisième noble proposition.
La Noble Vérité de l’extinction de la Souffrance.
D.22 Et qu’est-ce que la Noble Vérité de l’Extinction de la Souffrance?
C’est la disparition complète, l’extinction du désir, l’abandonner, se libérer et se détacher de lui.
Mais où ce désir peut-il disparaître, où peut-il être éteint?
Partout dans le monde où il y a des choses délicieuses et plaisantes, là, le désir peut disparaître et s’éteindre.
S.12 (66). Que ce soit dans le passé, au présent, ou au futur, quiconque parmi les moines ou prêtres regardes les choses délicieuses et plaisantes du monde comme impermanentes, misérables et sans ego, comme une maladie ou un chagrin, c’est lui qui surmonte le désir.
IT. 96. Et libéré du désir des sens, libéré de la soif de l’existence, il ne revient plus, il n’entre plus encore dans l’existence.
S.12 La dépendance de cessation des phénomènes.
Car par la disparition complète et l’extinction du désir, l’attachement à l’existence (l’action) processus de devenir est éteinte; par l’extinction du processus de devenir, la renaissance est éteinte; et par l’extinction de la renaissance, la vieillesse et la mort, la peine et le désespoir sont éteints. Ainsi se produit l’extinction de toute la masse de souffrance.
D’où il résulte qu’annihiler, faire cesser, surmonter la forme corporelle, la sensation, la perception, les activités mentales et la conscience, ceci est l’extinction de la souffrance, la fin de la maladie, la victoire sur la vieillesse et la mort.