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07 – Subconscient, « la grande mère base de tout »

Extrait de Méditation (Sogyal Rinpoché ):  » de même que l’océan a des vagues et le soleil des rayons, ainsi les pensées et les émotions sont-elles le propre rayonnement de l’esprit. L’océan a des vagues ; pourtant il n’est pas dérangé par elles : les vagues sont de la nature même de l’océan. Les vagues se dressent, mais où vont-elles. Elles s’en retournent à l’océan. D’où viennent-elles ? De l’océan. De même, les pensées et les émotions sont le rayonnement et la manifestation de la nature même de l’esprit. « 
Nos pensées sont d’ordre conscient et notre esprit est d’ordre inconscient. Pour les bouddhistes, et dans une conception  » mondaine  » de la compréhension et de l’explication de ces phénomènes psychiques, il existe la notion de Conscience Base de Tout. Ceci est la matrice collective, l’océan d’où les esprits, les idées (qui sont de nature identique) sont issues. Les bouddhistes parlent de conscience et non d’inconscient. Dans les faits cette Conscience Base de Tout n’est accessible qu’aux êtres ayant atteint un certain niveau d’éveil, avec une conscience supra mondaine, autant dire peu d’individus directement accessibles ici et maintenant. Cela dit vous avez conscience que l’énergie atomique existe, mais il n’est pas très facile de trouver quelqu’un qui va pouvoir vous l’expliquer  » simplement  » et vous montrer le fonctionnement d’une telle énergie. Même si vous trouvez cette personne, il n’est pas dit que vous comprendrez ses explications précises, seulement celles qui sont « très schématiques » et « imagées »…
La notion bouddhique est donc la suivante :

  • sur le plan mondain ce que l’on appelle subconscient est la partie non accessible directement de la Conscience Base de Tout. Cela correspond à ce que Freud définit comme «Inconscient ».
  • et sur le plan supra mondain il n’y a plus d’Inconscient, il y a une omniconscience ou supraconscience. Il s’agit d’un plan psychique (conscient/ subconscient) et d’un plan spirituel (omniconscience).

Ceci emmène à voir l’être humain sur 3 plans :

  1. le plan physique, Nirmanakaya : corps d’émanation, d’apparition, de manifestation > corps physique
  2. le plan psychique, Sambhogakaya : corps de jouissance > psychisme/ âme
  3. le plan spirituel, Dharmakaya : corps absolu > esprit

Dans son livre Pour une Psychologie de l’Éveil, John Welwood ( Dr en Philosophie, Psychologue clinicien, psychothérapeute et bouddhiste) présente une forme de raisonnement accessible pour la conscience objectale de ce que les bouddhistes pointent avec le nom conventionnel de « conscience base de tout« , chap.4, p.83 et suivantes :

« William James fut l’un des premiers à critiquer la tendance de la psychologie à trop mettre l’accent sur le contenu de l’esprit tout en ignorant le courant fluide de la conscience elle-même – ce qui, selon lui, revenait à dire qu’une « rivière ne consiste en rien d’autre que le contenu de seaux, de louches, de quarts, de tonneaux et autres récipients emplis d’eau. Quand bien même les seaux et les bidons se trouvaient réellement dans le courant, l’eau libre entre eux continuerait à s’écouler. » …
James se rapproche de la compréhension bouddhiste de l’esprit ordinaire en tant que courant de conscience, un flot continu d’expérience instant après instant.
La psychologie bouddhiste fait cependant un pas de plus. Au-delà de la focalisation occidentale statique sur le contenu de l’esprit, et de la vision plus dynamique du courant de conscience comme flot d’expérimentation, elle reconnaît une dimension de l’esprit encore plus vaste : la présence de la conscience non conceptuelle ou … de la non-pensée.
Contrastant avec les formes que prend cette conscience – pensée, sentiment, perception -, la nature plus vaste de la conscience n’a ni contour ni forme. C’est la raison pour laquelle elle est souvent décrite en tant que vacuité.

Si le contenu de l’esprit est comparable aux seaux et aux bassines flottant dans le courant, et le courant de conscience à l’écoulement dynamique de l’eau, la conscience pure est semblable à l’eau elle-même dans son humidité essentielle. Parfois l’eau est calme, parfois elle est agitée; elle reste pourtant toujours telle qu’elle est : humide, fluide et aqueuse. »
Continuant la métaphore de l’eau, de son courant, et des seaux J. Welwood va un peu plus loin dans sa description. Cette description est comme une carte routière, et il reste une grande différence entre parcourir la carte et faire le chemin « en vrai »!
Les pensées, jugements, sentiments, et perceptions sont des objets, des contenants de l’esprits = les seaux = les instants-esprit différenciés = les mots écrits sur cette page.
Entre les « objets contenants » de l’esprit il y a des espaces sans forme ni contour définis = les espaces entre les seaux flottant dans le courant = les instants-esprit indifférenciés = les espaces entre les mots écrits sur cette page.
En arrière-plan il y a la conscience base de tout au sein de laquelle prend place l’interaction ente les 2 premiers éléments , c’est comme l’eau, c’est la base absolue de conscience immuable, la conscience pure non conceptuelle, c’est la vacuité comme cette page blanche et vide qui supporte les mots et les espaces entre les mots.

Chap.5 p.101 :
« Sous cet éclairage, conscient et inconscient ne sont pas deux régions séparées d’une psyché, mais plutôt deux modes différents selon lesquels l’organisme corps-esprit structure la relation. Le processus inconscient est un mode holistique (1) d’organisation de l’expérience et de réponse à la réalité, qui opère hors de portée habituelle de l’attention focale.


(1)Théorie holistique : théorie selon laquelle les phénomènes sont des totalités irréductibles à la seule somme ou même à l’association structurelle de leurs composantes. Théorie selon laquelle l’homme est un tout indivisible qui ne peut être expliqué par ses différentes composantes considérées séparément (physique, physiologique, psychique). En sciences sociales, interprétation globalisante du fonctionnement et de l’évolution de la société, l’holisme s’oppose à l’individualisme
Holiste : qui a rapport à l’Holisme
Holisme est un néologisme forgé en 1926 par l’homme d’État sud-africain Jan Christiaan Smuts pour son ouvrage Holism and Evolution. Selon son auteur, le holisme est « la tendance dans la nature à constituer des ensembles qui sont supérieurs à la somme de leurs parties, au travers de l’évolution créatrice ».
Théorie selon laquelle l’homme est un tout indivisible qui ne peut être expliqué par ses différentes composantes (physique, physiologique, psychique) considérées séparément.
Théorie analogue, système d’explication globale pour tout objet scientifique.