Encore un point que Jung amende dans la théorie freudienne, et c’est même la pierre angulaire de cette théorie – » À la place de la théorie sexuelle des Trois essais sur la théorie sexuelle, une conception énergétique me parut plus convenable… » (Métamorphose de l’âme et ses symboles, p.242).
Cliniquement parlant la théorie freudienne a fait ses preuves, et celle de Jung aussi d’ailleurs, et l’on sent à quel point la sexualité est importante dans la vie des hommes et des femmes. Celle-ci étant liée à la reproduction de l’espèce, elle est le garant d’une sorte d’éternité de l’humanité, et elle représente le plaisir par excellence. L’amour, la passion sont les objectifs de vie de bien des personnes, voire leur raison d’être.
C’est le décalage entre le plaisir et la nécessité, le principe de réalité qui place le sexuel à part des besoins vitaux comme la faim, la soif, ou le sommeil. La sexualité n’est pas à proprement parler aussi vitale pour l’individu que la faim ou la soif, l’abstinence sexuelle ne met pas le corps en danger de mort, en revanche elle travaille, taraude l’esprit. La sexualité est intimement liée aux représentations du corps, et renvoie à une activité extrêmement physique, à ce qu’il y a d’animal en l’homme, et à une image d ‘énergie ( dégagement de chaleur important…), mais on se rappelle aussi qu’elle est extrêmement liée à l’esprit par toutes les contraintes psychiques inconscientes qu’elle impose.
Si l’on s’abstient de toute opposition entre le corps et l’esprit, et que l’on se place dans l’interdépendance du corps et de l’esprit, alors l’énergie sexuelle peut se mettre au service de l’esprit. C’est la théorie de la sublimation créative chez Freud. Cela s’expérimente pour les bouddhistes lors de l’éveil de la Kundalinî. Pour moi, la Kundalinî représente la libido, l’énergie inconsciente représentée par un serpent lové juste en dessous du coccyx – le serpent est un symbole du renouvellement et de l’inconscient selon Jung – . Lorsqu’elle s’éveille, c’est l’affrontement avec l’archétype sexuel anima/ animus, celui ou celle qui la dompte acquiert alors la puissance pour affronter l’archétype lumière.
La Kundalinî monte par le canal du milieu, shushumna, si tout se passe bien, mais si le contrôle conscient n’est pas assez fort ( car il faut une éthique très pure, un comportement moral tel que la société humaine l’a normé, et un état physique en très bonne condition) alors elle peut déborder dans les canaux masculin et féminin, ida et pingala, et l’individu est « phagocyté » par l’anima ou l’animus, et il devient fou au sens psychiatrique. Lorsque la Kundalinî atteint le sommet du crâne, elle se marie avec le principe masculin de l’esprit Lumière et l’éveil commence, l’individuation se réalise.
Alors apparaît le Selbst junguien, le véritable soi doué de capacités supra mondaines (compréhension et diction de langues non apprises, perception très affinée, contrôle complet du langage, puis du corps, capacité à pouvoir voyager en dehors du corps et à se souvenir de ces voyages ). Le chemin de l’éveil commence, et l’individu se trouve dans le plan de la 2e Terre. Le système nerveux s’est métamorphosé, les glandes sexuelles fournissent l’énergie nécessaire pour poursuivre le chemin de l’illumination.
Au-delà de la connaissance raisonnée et analytique, on arrive dans un no man’s land où la connaissance intuitive et la foi sont les outils nécessaires pour continuer la quête contre la souffrance.