- Karma
- Naissance du cosmos
35.1 – Karma
Les racines de la doctrine karmique ont profondément influencé C.G. Jung dans ses théories et il a intégré cette notion dans la conception occidentale de la psyché.
Karma : c’est le concept d’accumulation d’actes positifs ou négatifs qui se cumulent dans un compte d’énergie que l’on peut préserver, dans lequel on peut investir, ou que l’on peut dilapider selon sa propre volonté pendant la durée d’une vie, et ce compte se reporte sur la vie suivante. La réalisation des phénomènes dans des limites prédéterminées et le concept de libre arbitre sont les 2 pôles de la loi du Karma (le destin exprime un cours inexorable des événements et des phénomènes, le karma exprime un cours des événements modulé par les décisions de chacun dans une vie ou d’une vie sur l’autre, la notion de sujet responsable est omniprésente).
Si l’on plaque la vie sur une ligne de temps, le karma, en tant que force, prend place dans le passé et agit sur le présent immédiat. Jung postule que la vie est téléologique en soi, qu’il y a un but dans la vie, qu’il y a un sens dans la vie de chacun. Pour lui, il y a une force qui tire l’individu vers une finalité, et cette force s’inscrit dans le futur. La vie est un processus énergétique, et est en principe irréversible, en tant que processus irréversible elle se dirige vers un but. Ce but est un état de calme, de quiétude, de non mouvement. Tous les phénomènes ne sont que des perturbations initiales d’un état perpétuel de repos qui tend à se rétablir. L’organisme vivant est un système de finalités orientées qui cherchent à se réaliser (Jung, Collected Works vol.8, p.798 of Princeton University Press, 1954).
Plus tard dans sa vie, les rêves de Jung lui ont donné des éléments de preuve de sa propre réincarnation. Ces éléments, plus ceux de quelqu’un de très proche de lui, l’on conduit vers une reconnaissance de la théorie du karma et de la renaissance dans les dernières années de sa vie (voir Mémoires, rêves, réflexions. Chap. » au sujet de la vie après la mort « ).
Dans la théorie Psychanalytique on rencontre donc Éros et Thanatos, les pulsions de vie et de mort, et la libido, énergie principalement sexuelle. Les pulsions d’autoconservation de vie et de mort sont similaires aux principes védântiques de Sattva, de Rajas, l’actif, et Tamas, l’inactif. Ici, il faut que je fasse un petit aparté sur ces notions culturelles dans lesquelles le Bouddha a grandi.
Ces notions sont issues du Sâmkhya, système métaphysique parallèle au Yoga. Sâmkhya et Yoga ne font qu’un dans leur principe et leur but, mais ils diffèrent par leur point de départ et leur méthode :
- Purusha est l’âme au sens d’être pur et conscient, immobile, immuable et lumineux en soi.
- Prakriti est mécanique, mais se reflétant en Purusha elle revêt l’apparence de la conscience en ses activités, d’où apparaissent ces phénomènes de création, conservation, dissolution, naissance et vie et mort, conscience et inconscience, connaissance sensorielle et connaissance intellectuelle, ignorance, action et inaction, bonheur et souffrance.
Sous l’influence de Prakriti, principe actif, Purusha, le principe inactif, s’attribue ces phénomènes à lui-même, alors qu’ils appartiennent à l’action au mouvement de la seule Prakriti.
Prakriti est composée de 3 gunas, 3 modes essentiels d’énergie :
- Sattva, le germe de l’intelligence, entretient le jeu de l’énergie (principe de conservation),
- Rajas, le germe de la force et l’action, crée le jeu de l’énergie (principe de création),
- Tamas, le germe de l’inertie et de la non- intelligence, négation de sattva et rajas, dissout ce qu’ils créent et entretiennent (principe de dissolution).
- Sattva, le germe de l’intelligence, entretient le jeu de l’énergie (principe de conservation),
- Rajas, le germe de la force et l’action, crée le jeu de l’énergie (principe de création),
- Tamas, le germe de l’inertie et de la non- intelligence, négation de sattva et rajas, dissout ce qu’ils créent et entretiennent (principe de dissolution).
- La dissolution du Moi en observant, sans tenter d’intervenir, la création (Rajas), la conservation (Sattva) et la dissolution (Tamas) de la pensée discursive, ce qui équivaut à affronter « ses démons » (bouddhisme).
- Le Moi affrontant les archétypes (Anima/Animus, Éternelle Sagesse/ Magna Mater, archétype cosmique) , absorbant l’ énergie de l’un pour affronter le suivant(Jung).
- Le Moi découvrant des régions du Ça et se les appropriant, faisant face à Eros (Rajas) et Thanatos (Tamas), « Là où était du ça, doit advenir du moi » (Freud).