Définitions

Bouddhisme

Psychanalyse

Psychologie analytique

Plan du site

19 – Sexualité

  • Définition
  • Formation de symptômes
  • Sexualité

19.1 – Définition

Citations extraites de l’Introduction à la psychanalyse( trad. Dr S. Jankélévitch, ed. Petite Bibliothèque Payot,1976, p12 et suivantes).

« La seconde proposition que la psychanalyse proclame comme une de ses découvertes contient notamment l’affirmation que des impulsions qu’on peut qualifier seulement de sexuelles, au sens restreint ou large du mot, jouent, en tant que causes déterminantes des maladies nerveuses et psychiques, un rôle extraordinairement important …Plus que cela : elle affirme que ces mêmes émotions sexuelles prennent une part qui est loin d’être négligeable aux créations de l’esprit humain dans les domaines de la culture, de l’art et la vie sociale. »
« …l’aversion suscitée par ce résultat de la recherche psychanalytique constitue la raison la plus importante des résistances auxquelles celle-ci se heurte. »

« la société ne voit pas de plus grave menace à sa culture que celle que représenteraient la libération des instincts sexuels et leur retour à leurs buts primitifs. …; elle a plutôt adopté une méthode d’éducation qui consiste à détourner l’attention de ce domaine. »
Les critiques ont toujours reproché à Freud son pansexualisme, autrement dit de vouloir tout expliquer par la satisfaction substitutive des désirs sexuels. Il répond à cette critique en définissant ce qu’il entend par sexuel.
Il qualifie cela de psycho-sexualité.
Introduction à la psychanalyse, chap. 20, p. 283 et suivantes :
« C’est que le contenu de la notion de « sexuel » ne se laisse pas définir facilement. On pourrait dire que tout ce qui se rattache aux différences séparant les sexes est sexuel, mais ce serait là une définition aussi vague que vaste. En tenant principalement compte de l’acte sexuel lui-même, vous pourriez dire qu’est sexuel tout ce qui se rapporte à l’intention de se procurer une jouissance à l’aide du corps, et plus particulièrement des organes génitaux, du sexe opposé, bref tout ce qui se rapporte au désir de l’accouplement et de l’accomplissement de l’acte sexuel. Mais en faisant de la procréation le noyau de la sexualité, vous courez le risque d’exclure de votre définition une foule d’actes qui, tels que la masturbation ou même le baiser, sans avoir la procréation pour but, n’en sont pas moins de nature sexuelle. »
« une définition tenant compte à la fois de l’opposition des sexes, de la jouissance sexuelle, de la fonction de la procréation et du caractère indécent d’une série d’actes et d’objets qui doivent restés cachés […], peut suffire à tous les besoins pratiques de la vie. Mais la science ne saurait s’en contenter […] nous avons pu constater l’existence de groupes entiers d’individus dont la « vie sexuelle » diffère d’une façon frappante de la représentation moyenne et courante. »
« Bref, nous nous trouvons devant une tâche théorique urgente, qui consiste à rendre compte des perversions dont nous avons parlé et de leurs rapports avec la sexualité dite normale.
Nous serons aidés dans cette tâche par une remarque et deux nouvelles expériences.
La première est d’Ivan Bloch qui, à la conception qui voit dans toutes ces perversions des signes de dégénérescence, ajoute ce correctif que ces écarts du but sexuel, que ces attitudes perverses à l’égard de l’objet sexuel ont existé à toutes les époques connues, chez tous les peuples, aussi bien chez les plus primitifs que chez les plus civilisés, et qu’ils ont parfois joui de la tolérance et de la reconnaissance générales.
Quant aux deux expériences, elles ont été faites au cours de recherches psychanalytiques sur des névrosés; elles sont de nature à orienter d’une façon décisive notre conception des perversions sexuelles. »
Puis Freud explique clairement que tout n’est pas sexuel, mais que les névroses sont issues du conflit entre la tendance sexuelle et celle du moi :
Introduction à la psychanalyse, p. 330 :
« Toutes les fois que la psychanalyse envisageait tel ou tel évènement psychique comme produit des tendances sexuelles, on lui objectait avec colère que l’homme ne se compose pas seulement de sexualité, qu’il existe dans la vie psychique d’autres tendances et intérêts que les tendances et intérêts de nature sexuelle, qu’on ne doit pas faire » tout » dériver de la sexualité, etc. Eh bien, je ne connais rien de plus réconfortant que le fait de se trouver pour une fois d’accord avec ses adversaires. La psychanalyse n’a jamais oublié qu’il existe des tendances non sexuelles, elle a élevé tout son édifice sur le principe de la séparation nette et tranchée entre les tendances sexuelles et les tendances se rapportant au moi et elle a affirmé, sans attendre les objections, que les névroses sont des produits, non de la sexualité, mais du conflit entre le moi et la sexualité. »

19.2 – Mode de formation des symptômes

Freud revient aux symptômes dont il va expliquer le mode de formation (chapitre 23 de l’Introduction à la psychanalyse) :
« La prétention par laquelle les homosexuels et les invertis affirment qu’ils sont des êtres exceptionnels disparaît devant la constatation qu’il n’est pas un seul névrosé chez lequel on ne puisse prouver l’existence de tendances homosexuelles et que bon nombre de symptômes névrotiques ne sont que l’expression de cette inversion latente. Ceux qui se nomment eux-mêmes homosexuels ne sont que les invertis conscients et manifestes, et leur nombre est minime à côté de celui des homosexuels latents. »
Dans la première expérience, Freud parle des névroses obsessionnelles, dérivation des actes préparatoires de la satisfaction sexuelle, et autres modifications masquées de la masturbation qui accompagne les formes les plus variées de la déviation sexuelle.
Dans la seconde, il définit l’enfant comme étant potentiellement un pervers polymorphe :
 » Et nous avons constaté que toutes les tendances perverses plongent par leurs racines dans l’enfance, que les enfants portent en eux toutes les prédispositions à ces tendances qu’ils manifestent dans la mesure compatible avec leur immaturité, bref que la sexualité perverse n’est pas autre chose que la sexualité infantile grossie et décomposée en ses tendances particulières. »
La libido insatisfaite, écartée de la réalité, est obligée de se chercher de nouveaux modes de satisfaction. Les symptômes en sont les témoins et représentent finalement un compromis entre le désir de satisfaction libidineux et la réalité. Mais qu’arrive-t-il lorsque la réalité ne donne pas à la libido les moyens d’adopter un autre objet, quand bien même elle y serait disposée ? Dans ce cas la libido est obligée de s’engager dans la voie de la régression c’est à dire de chercher satisfaction soit dans une organisation dépassée, soit dans des objets antérieurement abandonnés, et ce qui attire la libido ce sont les fixations qu’elle a laissées au cours de son développement.
Si la régression ne soulève aucune opposition du moi, tout se passe sans névrose et la libido obtient une satisfaction réelle. Par contre lorsque le moi s’oppose à ces régressions, alors il y a conflit et la libido est obligée de  » s’échapper  » dans une direction où elle peut dépenser sa réserve d’énergie d’après les exigences du principe de plaisir. Elle doit donc se séparer du moi. Les représentations auxquelles la libido s’applique font désormais partie du système inconscient, et elles sont soumises aux principes qui s’y applique (condensation, déplacement).
De la même manière que le rêve se heurte à une certaine activité préconsciente, la libido doit elle aussi compter avec la force du moi préconscient ce qui l’oblige à choisir un mode d’expression qui puisse devenir celui du moi. Ainsi naît le symptôme, qui est un produit considérablement déformé de la satisfaction inconsciente d’un désir libidineux, un produit possédant deux significations diamétralement opposées.
Freud fait remarquer que lorsqu’on a à faire au rêve, l’intention préconsciente est moins tranchante, plus tolérante.
Ainsi, si la libido peut échapper aux barrières du refoulement, c’est grâce à ses anciennes fixations qui lui permettent, par des détours à travers l’inconscient, de se procurer une satisfaction réelle. Or ces fixations se trouvent dans les activités et les événements de la sexualité infantile, c’est à dire les objets abandonnés et délaissés de l’enfance. Selon Freud il peut se produire au cours de l’enfance de très nombreux événements traumatiques accidentels du fait que le développement de l’enfant n’est pas achevé. La libido n’aura donc aucun mal à trouver des points de fixations.

19.3 Sexualité

Introduction à la psychanalyse, chap. 26, p390 et 391:
« La sexualité est en effet la seule fonction de l’organisme vivant qui dépasse l’individu et assure son rattachement à l’espèce. Il est facile de se rendre compte que l’exercice de cette fonction, loin d’être toujours aussi utile à l’individu que l’exercice de ses autres fonctions, lui crée, au prix d’un plaisir excessivement intense, des dangers qui menacent sa vie et la suppriment même assez souvent. Il est en outre probable que c’est à la faveur de processus métaboliques particuliers, distincts de tous les autres, qu’une partie de la vie individuelle peut être transmise à la postérité à titre de disposition. Enfin, l’être individuel, qui se considère lui-même comme essentiel et ne voit dans sa sexualité qu’un moyen de satisfaction parmi tant d’autre, ne forme, au point de vue biologique, qu’un épisode dans une série de générations, qu’une excroissance caduque d’un protoplasme virtuellement immortel, qu’une sorte de possesseur temporaire d’un fidéicommis destiné à lui survivre. »
Freud élargit le débat sur des considérations philosophiques : quel est le rapport entre l’individu et son espèce? La personne est ramenée à une place « cellulaire » dans un corps « virtuellement immortel » que représente l’humanité : une vague dans l’océan de la vie. La fonction sexuelle devient transcendantale, elle n’appartient plus seulement qu’à l’individu, elle est le garant de l’espèce. C’est là que l’on revient au rapport entre l’ontogénèse, le développement de l’individu, et la phylogénèse, le développement de l’espèce. Ce rapport est-il de l’ordre d’une complémentarité entre l’intérêt individuel et l’intérêt de l’espèce, ou de l’ordre d’une opposition qui figurerait deux pôles opposés et nécessaires, entre lesquels l’énergie de la vie circule, comme l’électricité entre les pôles « + » et « – » ?