Allemand: Wunsch (souhait), parfois Begierde (envie, convoitise) ou Lust (envie, joie, plaisir)
Définition issue du « Vocabulaire de la psychanalyse » de Laplanche et Pontalis:
Dans la conception dynamique freudienne, le désir est un des pôles du conflit défensif: le désir inconscient tend à s’accomplir en rétablissant, selon les lois du processus primaire, les signes liés aux premières expériences de satisfaction. La psychanalyse a montré, sur le modèle du rêve, comment le désir se retrouve dans les symptômes sous la forme de compromis.
(« dynamique » qualifie un point de vue qui envisage les phénomènes psychiques comme résultant du conflit et de la composition de forces exerçant une certaine poussée, celles-ci étant en dernier ressort d’origine pulsionnelle.
Notons que le terme allemand « Wunsch » désigne plutôt le souhait (wish en anglais), alors que le désir évoque un mouvement de concupiscence ou de convoitise rendu par « Begierde » ou « Lust ».
C’est dans la théorie du rêve que se dégage le plus clairement ce que Freud entend par « Wunsch », permettant ainsi de différencier celui-ci d’un certain nombre de concepts voisins.
Suite à l’expérience de satisfaction « […] l’image mnésique d’une certaine perception reste associée avec la trace mnésique de l’excitation résultant du besoin. Dès que ce besoin survient à nouveau, il se produira, grâce à la liaison ainsi établie, une motion psychique qui cherchera à réinvestir l’image mnésique de cette perception et même à évoquer cette perception, c’est à dire à rétablir la situation de la première satisfaction: une telle motion est ce que nous nommerons désir; la réapparition de la perception est « l’accomplissement de désir ».
(Die Traumdeutung, S. Freud, 1900)
Le désir est indissolublement lié à des « traces mnésiques » et trouve son accomplissement dans la reproduction hallucinatoire des perceptions devenues les signes de cette satisfaction.
La conception freudienne du désir concerne par excellence le désir inconscient, lié à des signes infantiles indestructibles. Cependant cette définition n’est pas aussi rigoureuse, Freud parle aussi de désir de dormir, de désir préconscient ,et il formule parfois l’aboutissement du conflit comme le compromis entre « … deux accomplissements de désirs opposés, dont chacun trouve sa source dans un système psychique différent ».
J. Lacan a recentré et remis au premier plan la notion de désir qu’il différencie de la notion de besoin et de la notion de demande :
« Le besoin vise un objet spécifique et s’en satisfait. La demande est formulée et s’adresse à autrui ; si elle porte encore sur un objet, celui-ci est pour elle inessentiel, la demande articulée étant en son fond demande d’amour.
Le désir naît de l’écart entre le besoin et la demande ; il est irréductible au besoin, car il n’est pas dans son principe relation à un objet réel, indépendant du sujet, mais au fantasme ; il est irréductible à la demande, en tant qu’il cherche à s’imposer sans tenir compte du langage et de l’inconscient de l’autre, et exige d’être reconnu absolument par lui. »
(Les formations de l’inconscient, J. Lacan, 1957-1958)