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17 – L’INCONSCIENT

Note: avant de parcourir cette page, il est nécessaire d’avoir vu l’appareil psychique et les descriptions topiques de Freud.

Extrait de Métapsychologie, S. Freud, édition Gallimard, collection Folio, Chap.3,partie V,p.95:
Ics : système inconscient, Pcs: système préconscient.
 » Le noyau de l’Ics est constitué par des représentants de la pulsion qui veulent décharger leur investissement, donc par des motions de désir. Ces motions pulsionnelles sont coordonnées les unes aux autres, persistent les unes à côté des autres sans s’influencer réciproquement et ne se contredisent pas entre elles. Lorsque deux motions de désir dont les buts devraient nous paraître inconciliables sont activées simultanément, les deux motions ne se soustraient pas l’une de l’autre, ni ne se suppriment l’une l’autre, mais elles concourent à la formation d’un but intermédiaire, d’un compromis.
Il n’y a dans ce système ni négation, ni doute, ni degré dans la certitude. Tout cela n’est introduit que par le travail de la censure entre Ics et Pcs. La négation est un substitut du refoulement à un niveau supérieur. Dans l’Ics, il n’y a que des contenus plus ou moins fortement investis. »

 » L’inconscient est pareil à un grand cercle qui enfermerait le conscient comme un cercle plus petit. Il ne peut y avoir de conscient sans stade antérieur inconscient, tandis que l’inconscient peut se passer de stade conscient et avoir cependant une valeur psychique. L’inconscient est le psychique lui-même et son essentielle réalité. Sa nature intime nous est aussi inconnue que la réalité du monde extérieur, et la conscience nous renseigne sur lui d’une manière aussi incomplète que nos organes des sens sur le monde extérieur  » (Interprétation des rêves, S.Freud,1900).


L’hypothèse de l’inconscient a d’abord été posée par Freud au sujet des patientes hystériques du Dr Breuer :  » L’étude des phénomènes hypnotiques nous a habitués à cette conception d’abord étrange que, dans un seul et même individu, il peut y avoir des regroupements psychiques, assez indépendants pour qu’ils ne sachent rien les uns des autres. Des cas de ce genre, que l’on appelle  » double conscience  » peuvent, à l’occasion, se présenter spontanément à l’observation. Si la conscience reste liée à l’un des deux états alors on appelle inconscient celui qui en est séparé « .


L’idée de Freud, à l’époque, est que, si un patient a accès, sous hypnose, à certains contenus dont il est incapable de se souvenir à l’état de veille, ces contenus sont dans une région psychique  » étrangère  » : l’inconscient. Plus tard, lorsque Freud étudiera les névroses de transfert et l’hystérie, notamment les symptômes de l’hystérie, il posera l’existence de l’inconscient comme une hypothèse indispensable à la compréhension des processus psychiques : Il semble donc que partout et toujours, le sens des symptômes est inconnu de la personne de sorte que toutes les fois qu’il y a présence d’un symptôme, il faut conclure à l’existence chez la personne de certains processus inconscients qui contiennent précisément le sens de ce symptôme. Mais il faut que le sens soit inconscient pour que le symptôme se produise.

17.1 – Définition suivant le « Vocabulaire de la psychanalyse » de Laplanche et Pontalis

Allemand : das Unbewusste, unbewusst

  1. Le rêve a été la « voie royale de la découverte de l’inconscient pour Freud. Les mécanismes (déplacement, condensation, symbolisme) dégagés sur le rêve dans l’Interprétation du rêve (Die Traumdeutung, 1900) et constitutifs du processus primaire sont retrouvés dans d’autres formations de l’inconscient (actes manqués, lapsus, etc.) équivalentes aux symptômes par leur structure de compromis et leur fonction « d’accomplissement de désir ».
  2. L’adjectif inconscient est parfois employé pour connoter l’ensemble des contenus non présents dans le champ actuel de la conscience, ceci dans un sens « descriptif » et non « topique », à savoir sans qu’une discrimination soit faite entre les contenus des systèmes préconscient et inconscient.
  3. Au sens « de la 1ère topique », inconscient désigne un des systèmes définis par Freud dans le cadre de sa première théorie de l’appareil psychique; il est constitué de contenus refoulés qui se sont vu refuser l’accès au système préconscient-conscient (Pcs-Cs) par l’action du refoulement (refoulement originaire et refoulement après-coup).
  4. On peut résumer ainsi les caractères essentiels de l’inconscient (Ics) comme système :
    • Ses « contenus » sont des « représentants » des pulsions ;
    • Ces contenus sont régis par les mécanismes spécifiques du processus primaire, notamment la condensation et le déplacement;
    • Fortement investis de l’énergie pulsionnelle, ils cherchent à faire retour dans la conscience et dans l’action (retour du refoulé), mais ils ne peuvent avoir accès au système Pcs-Cs que dans des formations de compromis après avoir été soumis aux déformations de la censure.
    • Ce sont plus particulièrement des désirs de l’enfance qui connaissent une fixation dans l’inconscient.
    • L’abréviation Ics (allemand: Ubw, das Unbewusste) désigne l’inconscient sous sa forme substantive comme système; ics (ubw) est l’abréviation de l’adjectif inconscient (unbewusst) en tant qu’il qualifie au sens strict les contenus du dit système.
  5. Au sens de la 2e topique : Le terme inconscient est surtout employé sous forme adjective; en effet, inconscient n’est plus le propre d’une instance particulière puisqu’elle qualifie le Ça et pour une part le Moi et le Surmoi. Mais il convient de noter :
    • que les caractères reconnus dans la première topique au système Ics sont, d’une façon générale, attribués au Ça dans la seconde ;
    • que la différence entre le préconscient et l’inconscient, si elle n’est plus fondée sur une distinction intersystémique, persiste comme distinction intrasystémique (le Moi et le Surmoi étant en partie préconscients et en partie inconscients)
  6. Quand Freud cherche à définir l’inconscient comme système, il en résume ainsi les caractères spécifiques :
    • processus primaire (mobilité des investissements, caractéristique de l’énergie libre)
    • absence de négation, de doute, de degré dans la certitude
    • indifférence à la réalité et régulation par le seul principe de déplaisir-plaisir (celui-ci visant à rétablir par les voies les plus courtes l’identité de perception).
  7. Freud a cherché à fonder la cohésion propre du système Ics et sa distinction radicale d’avec le système Pcs par la notion économique d’une « énergie d’investissement » propre à chaque système. L’énergie inconsciente s’appliquerait à des représentations qu’elle investit ou désinvestit, le passage d’un élément d’un système à l’autre se produisant par désinvestissement de la part du premier système et réinvestissement par le second.
  8. Mais cette énergie inconsciente apparaît tantôt comme une force d’attraction exercée sur les représentations et résistant à la prise de conscience (théorie du refoulement) tantôt comme une force qui tend à faire émerger ses « rejetons » à la conscience et elle ne serait contenue que grâce à la « vigilance » de la censure.
  9. Il faut bien noter que les distinctions topiques sont un moyen de rendre compte du conflit, de la répétition et des résistances.