13- Bases de la psychanalyse

LES CONCEPTS PRINCIPAUX

Voici un résumé que je vous propose dans un but de simplification mais en évitant des distorsions trop importantes, et en fonction des thèmes que je souhaite aborder dans la synthèse avec la théorie de Jung et la théorie bouddhique. Je ne parle que brièvement du mécanisme de refoulement qui est pourtant un pôle important dans la théorie de Freud et je renvoie l’internaute aux sites et à la littérature de référence. J’ai aussi demandé à Mme Aline Bracq, psychologue clinicienne et psychanalyste, de vérifier la cohérence du résumé de ces informations.

  1. L’Inconscient : principe de plaisir et de réalité
  2. La Pulsion
  3. Le rêve, matériau d’exploration de l’inconscient
  4. La Censure, le Refoulement
  5. La Libido
  6. Le Complexe d’Œdipe
  7. Moi, Surmoi, et idéal du moi
  8. Origines de l’humanité et le tabou de l’inceste
  9. Narcisisme

13.1 – L’INCONSCIENT

Il se produit fréquemment chez les individus des actes psychiques qui présupposent d’autres actes hors de la conscience (allusion aux actes manqués, lapsus et plus tard à des symptômes). L’inconscient est le déterminant de tous les phénomènes conscients, on parle de  » primat  » de l’inconscient. L’inconscient est atemporel (les contenus ne sont pas soumis au déroulement réel du temps), immortel (cela ne veut pas dire que l’inconscient d’un individu ne meurt pas mais qu’il ne conçoit pas sa propre mort) et toujours vrai ( a toujours raison, l’expression de l’inconscient est liée à la nature des phénomènes et est régie par les mêmes lois que cette nature, indépendamment des jugements et conventions d’ordre humain). Ces caractéristiques se comprennent dès l’instant que l’on imagine un espace psychique dénué de pôle de conscience et donc non connecté à la réalité (la réalité extérieure est remplacée par une réalité psychique).

L’inconscient est soumis au processus primaire ce qui désigne un mode de fonctionnement dans lequel l’énergie circule librement en passant d’une représentation à une autre par condensation et déplacement (comme dans le rêve). Le processus primaire s’oppose au processus secondaire qui se caractérise par l’existence d’une liaison psychique avec des représentations, lesquelles sont investies de manière plus stable.

13.1.1 – Les principes de plaisir et de réalité

L’activité psychique est orientée vers la recherche du plaisir et l’évitement du déplaisir, lequel augmente la tension à l’intérieur de l’appareil psychique. Le principe de plaisir s’oppose au principe de réalité qui apparaît, au cours du développement, comme une modification adaptative du principe de plaisir. Chez les sujets sains, la recherche de la satisfaction tient compte du principe de réalité.

Ces deux principes (plaisir et réalité) sont à l’œuvre dès les premiers jours de la vie et ceci a une conséquence majeure : l’importance de la réalité extérieure augmente l’importance des organes de sens et la conscience rattachée à ces organes commence à saisir les qualités sensorielles.

Développement de l’attention qui marque le monde extérieur afin de le stoker dans la mémoire.

Apparaît l’acte de jugement qui décide si une représentation déterminée est vraie ou fausse en la comparant avec les traces mnésiques de la réalité.

L’action autorisée par le processus de pensée : la pensée forme une représentation et la décharge motrice permet de la réaliser.

La pensée acquiert une autre fonction, celle de supporter l’accroissement de la tension d’excitation pendant l’ajournement de la décharge.

Au fur et à mesure de la maturation de l’individu, le principe de réalité domine le principe de plaisir. Cet échange des rôles se poursuit tout au long de l’enfance jusqu’à la puberté en ce qui concerne les pulsions du moi. Quant aux pulsions sexuelles, elles sont d’abord auto-érotiques (d’abord dans le principe du plaisir et donc hors du principe de réalité) puis, lorsqu’ apparaît l’objet, le principe de réalité est suspendu, c’est la période de latence (marquée par une recrudescence des fantasmes, masturbation). La pulsion sexuelle va donc rester assez longtemps sous la domination du principe de plaisir. A la puberté les pulsions sexuelles reprennent leur transformation qui doit les conduire de l’auto-érotisme à l’amour objet. C’est précisément au cours de cette phase qu’apparaissent les systèmes névrotiques.

Au cours de cette substitution le principe de plaisir ne disparaît pas : on abandonne le plaisir immédiat mais peu sûr, pour gagner un plaisir plus tardif mais assuré. Simplement le principe de plaisir est sous la dépendance du principe de réalité. C’est dans cette optique qu’intervient l’éducation qui incite à surmonter le principe de plaisir et à lui substituer en partie le principe de réalité.

13.2 – LA PULSION

La pulsion est le moteur de l’activité psychique, elle se distingue de l’instinct et représente une poussée constante qui a sa source dans une excitation corporelle et dont le but est la suppression de cette tension. La pulsion s’exprime par des représentations et rend compte du conflit à l’intérieur de l’appareil psychique. Dans la première topique, les pulsions sexuelles s’opposent aux pulsions d’autoconservation, dans la seconde, le conflit résulte de l’opposition entre la pulsion de vie (Éros, pulsions sexuelles qui s’étayent sur les pulsions d’autoconservation) et la pulsion de mort (Thanatos) qui tend à la réduction complète des tensions.

Le conflit : L’appareil psychique est constitué de plusieurs systèmes qui possèdent chacun leurs règles. Ainsi des choses peuvent être fausses dans un système mais vraies dans un autre ce qui entraîne des conflits.

13.3 – Matériau insconscient, le rêve

Description

1· Le rêve est utile pour le rêveur, il est le gardien du sommeil (par exemple un besoin externe est intégré au rêve afin que le dormeur ne s’éveille pas).

2· Il y a un contenu manifeste, ce dont le rêveur se souvient, et un contenu latent à l’origine de la production du rêve.

3· La démarche psychanalytique affirme que sous les apparences il y a des émois, des désirs, des pulsions inconscientes qui, par le  » travail du rêve  » ont amené la production manifeste. Le travail du rêve consiste à transformer le contenu latent du rêve en représentation suffisamment acceptable par le conscient. Si le travail du rêve échoue, il y a alors rêve d’angoisse et cauchemars : c’est qu’il n’y a pas eu suffisamment de transformation.

13.3.1   Les trois types de rêves :

En fonction du degré de rationalité et de vraisemblance de leur contenu.

1· Rêves  » rêves clairs  » : simples comme font les enfants (de moins de 3 ans).

2· Rêves  » raisonnables  » : Ils paraissent avoir une certaine cohérence logique, mais leur sens demande réflexion.

3· Rêves  » obscurs  » : Ils sont incohérents, absurdes, ceux auxquels la psychanalyse s’intéresse en priorité car ils mettent en scène des problèmes importants pour un individu donné.

13.3.2  L’idée

Il s’agit d’analyser comment le contenu manifeste a été fabriqué à partir du contenu latent, mettre à jour les procédés qu’utilise le sujet pour faire le travail du rêve.

Les mécanismes qui interviennent dans la formation des rêves sont les mêmes que ceux qui fabriquent les symptômes psychopathologiques. La continuité entre phénomènes normaux et phénomènes pathologiques est une grande idée freudienne qui a révolutionné la manière de comprendre la maladie mentale.

13.3.3   Les mécanismes du rêve

1· La transformation : Les idées ne sont pas uniquement des concepts mais aussi des désirs (pensées du rêve = latent). Les idées sont transformées en images. Dans l’interprétation on remontera de l’image à la pensée. Un certain nombre de ces images sont des symboles. En effet les images représentant les désirs ne sont pas choisies au hasard, elles arrivent inconsciemment par des chemins déjà tracés.

2· La condensation : Les pensées du rêve (latent) sont beaucoup plus nombreuses que les images du contenu manifeste. Plusieurs idées seront condensées en une seule image. L’image hybride est souvent grotesque et incompréhensible.

3· Le déplacement : Il y a déplacement/ substitution d’une représentation sur/à une autre. Le rêve renverse l’importance des éléments mis en scène : ce qui est très important se déplace sur un élément insignifiant du contenu manifeste. Ainsi les détails du contenu manifeste seront révélateurs du contenu latent le plus important.

4· La dramatisation : le rêve est joué comme une représentation dans laquelle chaque personne, objet ou image ont une signification.

13-4 LA CENSURE ET LE REFOULEMENT

13.4.1 La censure

Pourquoi donc le rêve ne peut-il pas représenter de manière directe ce que voulait dire l’inconscient ?

Le mécanisme principalement responsable est appelé  » censure « , non seulement il déforme, mais fait aussi oublier avec une extrême rapidité, la majorité des rêves ou leurs détails les plus importants. Une fois établies, l’existence de cette  » censure « , l’ultime question est : Que veut elle défendre, et pour quelle raison ?

13.3.2   Oublis et lapsus linguae

13.4.2   Oublis et lapsus linguae

Les ratés de l’action ou de discours révèlent ce que leur auteur entendait soigneusement protéger. On oubli un nom pour oublier un autre contenu qu’on veut garder refoulé, on oubli le nom qui lui est lié par un lien associatif. De même pour les actes manqués qui attestent que le résultat visé d’un acte n’est pas atteint (cet acte nommé « manqué » est en fait « réussi » au regard de l’inconscient).

Le lapsus et les actes manqués sont le produit du conflit entre deux intentions, l’une manifeste, l’autre refoulée. Ils sont la résultante, le compromis entre l’agir ou le dire et une force antagoniste qui, elle aussi, veut s’exprimer et qui utilisera l’erreur dans le langage ou l’action. La résultante de ces forces produit les manifestations dont on vient de parler mais aussi le rêve et les symptômes névrotiques.

13.4.3   Le refoulement

« L’essence du refoulement ne consiste qu’ en ceci: mettre à l’écart et tenir à distance du conscient. »(Métapsychologie, S. Freud)

 » Le refoulement est, …, le processus grâce auquel un acte susceptible de devenir conscient, c’est-à-dire faisant partie de la préconscience, devient inconscient. Et il y a encore refoulement lorsque l’acte psychique inconscient n’est même pas admis dans le système préconscient voisin, la censure l’arrêtant au passage et lui faisant rebrousser chemin. » (Introduction à la psychanalyse, p. 321, 322)

Le refoulement d’une motion pulsionnelle, un désir, se met en place lorsque le motif de déplaisir a une puissance supérieure à celle du plaisir de satisfaction. Ce mécanisme de défense n’est pas présent à l’origine, et ne peut se constituer que lorsque la séparation entre activité consciente et activité inconsciente est bien marquée. Il s’institue en deux fois : d’abord un refoulement originaire, puis un refoulement secondaire qui sera le refoulement après-coup, et qui correspond à la notion courante du refoulement.

L’inconscient est donc constitué en grande partie de perceptions, d’idées, de pensées et d’actes refoulés.

13.4.4 Sexualité infantile

Freud fait observer l’omniprésence durant l’enfance d’une pulsion sexuelle essentiellement auto-érotique, d’abord orale, puis anale et enfin génitale. L’enfant présente des conduites exhibitionnistes, voyeuristes, masochistes et sadiques. Freud viendra à le définir comme un pervers polymorphe potentiel. Il abolit ainsi la frontière entre la sexualité des anormaux (les pervers) et la sexualité normale et affirme que l’enfant est conscient de son sexe bien avant la puberté.


Les recherches psychanalytiques ont ainsi permis de mettre en évidence quatre grands stades de développement sexuel et psychique. L’échelonnement de ce développement psycho sexuel et l’existence de véritables  » charges  » sexuelles chez l’enfant commencent à donner l’explication de la structure psychologique à la base de nombreuses maladies nerveuses (complexe d’Œdipe qui amène l’enfant coupable à refouler ses charges agressives dans son inconscient, et la traversé du complexe d’Œdipe dépend du vécu précédent, notamment le vécu de la scène primitive).

13.5 LIBIDO

La libido (énergie libidinale) est un force psychique quantitative qui permet de  » mesurer  » les processus et les transpositions dans le domaine de l’excitation sexuelle, sauf qu’elle n’est pas mesurable…Freud propose une unité, la quantité minimale d’énergie qui peut être émise ou reçue : la libido du moi.


La libido peut se fixer ou se retirer d’une représentation, passer d’un objet à l’autre, diriger l’activité sexuelle d’un individu. Le plaisir est conçu comme une extinction partielle et temporaire de cette énergie.


Lorsqu’elle se retire de l’objet, elle retourne dans le Moi. Ce dernier devient l’objet de la libido et on l’appelle alors libido narcissique. Lors d’une maladie, d’une douleur, une partie de la libido se retire de ses objets pour s’attacher à la partie souffrante du corps. L’état de sommeil représente aussi un retrait narcissique sur la personne propre.

13.6 LE COMPLEXE D’OEDIPE

Rappel du mythe :
 » Laïos est roi de Thèbes, un oracle apprend à Laïos et à son épouse Jocaste que leur enfant Œdipe tuera son père et épousera sa mère.De peur que l’oracle ne s’accomplisse, Œdipe est alors exposé par ses parents sur le mont Cithéron vers une mort certaine, pendu par les talons à une branche d’arbre (d’où lui viendra son nom Οἰδίπους / Oidípous, « pied enflé »), mais il est sauvé par un berger et recueilli par Polybos, roi de Corinthe. Devenu adulte et fuyant sa patrie pour échapper à la prédiction, il se querelle avec un voyageur sur une route de Phocide, et le tue : c’était Laïos.

Arrivé à Thèbes, il répond aux questions du Sphinx qui dévorait tous ceux qui ne trouvaient pas la réponse à sa question : « Quel être a quatre pattes le matin, deux le midi et trois le soir ». Oedipe répondit « c’est l’homme : à l’aube de sa vie, lorsqu’il est bébé il marche à quatre pattes, à midi au milieu de sa vie il marche sur 2 jambes et au soir de sa vie il marche avec ses 2 jambe et un bâton ». Le Sphinx se tua par dépit.

En témoignage de leur gratitude les thébains le proclamèrent roi et il épousa Jocaste…sa mère. ils eurent quatre enfants : deux garçons, Étéocle et Polynice, et deux filles, Antigone et Ismène.

Pour sauver Thèbes, en proie à une terrible peste, Œdipe a dû découvrir et punir le meurtrier de Laïos. Au fil de ses recherches, il découvrit qu’il était lui-même le meurtrier, que c’était son véritable père qu’il avait tué, et qu’il a épousé sa mère.
Devant tant d’horreur (parricide et inceste) Œdipe se crèva lui-même les yeux pour ne plus voir ses crimes. Il part en exil et sa fille Antigone fut ses yeux. »

Oedipe meeting the Sphinx

Au début de sa vie l’enfant fait une dyade avec sa mère (elle l’a mis au monde et assure sa subsistance – allaitement), puis entre 3 et 5 ans le complexe d’Œdipe se met en marche, il se caractérise à l’image du mythe de la manière suivante :
Pour le garçon : par l’amour (investissement libidinal) exclusif pour sa mère (désir inconscient de remplacer le père) et par une jalousie envers le père qui sépare l’enfant de sa mère. Ces sentiments d’hostilité envers le père alimentent les fantasmes de castration du jeune garçon et le soustraient temporairement à sa culpabilité.
Pour la fille :la petite fille se sent déjà castrée, castration qu’elle attribue à la mère. Le sevrage, l’éducation, la naissance d’un frère ou une sœur détournent la fillette de sa mère et cet amour (investissement libidinal) est reporté sur le père (désir inconscient de remplacer la mère et d’avoir un enfant du père).

13.6.1 L’Œdipe inversé

Pour le garçon : dans certains cas l’attachement libidinal au père fait que le jeune enfant prend son père pour modèle à imiter. Le jeune garçon investit son père et veut lui plaire pour permettre l’identification (séduction passive qui peut se superposer au premier schéma).


Pour la fille : la mère représente le modèle à imiter et la fillette s’installe dans une séduction passive pour lui plaire et s’identifier à sa mère.
Mais les parents qui doivent respecter la Loi de l’interdit de l’inceste, ne surinvestissent pas leur enfant d’une libido érotique, et la compétition de l’enfant avec le parent du même sexe reste fantasmagorique. La réalité assurera l’enfant de l’inutilité de ses efforts. L’enfant renonce graduellement à la tentative de séduction érotique .

Lors de la résolution du complexe, les choix objectaux (avoir un de ses parents pour objet de désir sexuel) sont remplacés par des identifications, une grande énergie est libérée pour l’investissement dans un outillage intellectuel, artistique et reste prête pour investir de nouveaux objets de désir.

13.7 MOI, SURMOI, ET IDÉAL DU MOI

13.7.1 Moi (Ego)

Fonctionnement et Rôle :

Médiateur : Le Moi agit comme un médiateur entre les impulsions primaires du Ça (impulsions interieures), les exigences morales du Surmoi (exigences intérieures) et les réalités du monde extérieur. Son rôle principal est de trouver un équilibre entre ces différentes forces en conflit. il est comme une sorte d’enveloppe, de peau qui sépare l’être interieur des exigences et de la réalité extérieure.
Réalité : Le Moi est principalement orienté vers le principe de réalité, contrairement au Ça qui est orienté vers le principe de plaisir. Cela signifie que le Moi cherche des moyens réalistes et socialement acceptables de satisfaire les désirs et les besoins.


Formation et Développement :

Le Moi se développe à partir du Ça, car l’enfant commence à interagir avec le monde extérieur et à comprendre les contraintes et les règles sociales.
Le Moi utilise des mécanismes de défense pour gérer l’anxiété et les conflits entre les différentes parties de la psyché.


Fonctions et Caractéristiques :

Rationalité : Le Moi est la partie rationnelle et consciente de la personnalité. Il utilise la logique et la raison pour prendre des décisions.
Perception de la Réalité : Le Moi évalue et interprète la réalité externe et interne, ajustant le comportement de l’individu en conséquence.
Mécanismes de Défense : Pour protéger l’individu de l’anxiété et des conflits internes, le Moi utilise des mécanismes de défense comme le refoulement, la projection, la rationalisation, etc.


Relation avec le Ça et le Surmoi
Le Ça (Id) : Représente les instincts primitifs et les désirs inconscients. Il fonctionne selon le principe de plaisir, cherchant la gratification immédiate des besoins et des désirs sans considération pour la réalité ou la moralité.
Le Surmoi (Superego) : Représente les normes morales et les valeurs internalisées. Il est en partie inconscient et agit comme un juge ou une conscience, imposant des normes et des interdits.
Exemple d’Interaction
Si une personne a faim (une impulsion du Ça), le Moi reconnaît la nécessité de manger mais doit trouver un moyen approprié et socialement acceptable de le faire, en tenant compte des normes et des valeurs dictées par le Surmoi.

Freud nous dit que :

  •  » le Surmoi est l’héritier du complexe d’Œdipe « 
  •  » l’établissement du Surmoi peut être considéré comme un cas d’identification réussi « 
  • « par son intermédiaire le moi s’est rendu maître du complexe d’Œdipe et s’est soumis en même temps au Ça. Alors que le Moi représente essentiellement le monde extérieur, la réalité, le Surmoi s’oppose à lui, en tant que chargé des pouvoirs des mondes intérieurs, du Ça « 
  • Le Surmoi représente tous les interdits, les enseignements, une morale intégrée de telle sorte que nous la considérons comme faisant partie de nous-même, comme notre propre création.

13.7.2 Idéal du Moi

Origine et Formation :

L’idéal du moi se forme pendant l’enfance, à partir des identifications aux parents et aux figures d’autorité. Il est influencé par les attentes et les standards imposés par ces figures.
Il est une partie du Surmoi, résultant de l’intériorisation des normes et valeurs parentales et sociétales.


Fonctionnement et Rôle :

Modèle de Perfection : L’idéal du moi représente l’image idéale que l’individu aspire à devenir. Il incarne les normes de perfection, les ambitions et les aspirations que l’individu veut atteindre.
Autoévaluation et Critique : Il sert de critère interne avec lequel le Moi compare ses actions et ses réalisations. Lorsque les comportements ou les pensées de l’individu ne correspondent pas à cet idéal, cela peut provoquer des sentiments de honte ou de culpabilité.
Motivation et Orientation : L’idéal du moi guide et motive le comportement en fournissant des objectifs élevés et en orientant les efforts de l’individu vers la réalisation de ces objectifs.


Relation avec le Moi et le Surmoi :

Surmoi : Le Surmoi est composé de deux parties :

  1. l’idéal du moi qui représente les aspirations et les idéaux positifs,
  2. la conscience morale contient les interdictions et les punitions intériorisées


Moi : Le Moi doit naviguer entre les exigences réalistes du monde extérieur, les impulsions du Ça, et les standards élevés de l’idéal du moi. Un écart important entre le Moi et l’idéal du moi peut conduire à des sentiments d’inadéquation ou de frustration.


Exemple d’Interaction
Un individu peut avoir un idéal du moi qui inclut des qualités telles que la réussite professionnelle, l’altruisme, et la sagesse. Si cet individu échoue à atteindre une promotion au travail, le Moi peut ressentir de la culpabilité ou de la honte, car il ne correspond pas aux aspirations de l’idéal du moi. Cette discordance peut motiver l’individu à travailler plus dur pour atteindre ses objectifs ou, dans des cas plus extrêmes, conduire à des sentiments de dépression ou de faible estime de soi.

13.8 ORIGINES DE L’HUMANITÉ ET TABOU DE L’INCESTE

Traitées dans Totem et Tabou, les prohibitions ancestrales nous indiquent que l’inceste compte parmi nos pulsions primitives. Pourquoi avoir interdit les relations incestueuses ?
Pour répondre à cette  » énorme  » question qui tient de la psychologie collective, Freud rassemble la psychanalyse, les observations anthropologiques, la théorie darwiniste, et part de l’ouvrage de W. Wundt et des travaux de CG. Jung pour proposer la théorie suivante :
Au début était la horde menée par un mâle dominant qui interdisait aux autres mâles (plus jeunes et plus faibles, et certains étaient ses fils) de s’unir avec les femmes de sa horde. Les jeunes mâles devaient donc quitter la tribu du père pour en fonder une autre, ceci devait garantir la diversité génétique et assurer la survie de l’espèce. Mais à un certain point d’évolution de la conscience, les frères décidèrent de s’unir pour reprendre le contrôle de la horde et pour cela ils durent tuer la mâle dominant, leur père. Puis ils durent instaurer des règles pour éviter les luttes fratricides qui les auraient ramenés au point de départ.
La première règle fut d’interdire les relations sexuelles à l’intérieur de la horde (pas les mères, pas les sœurs, pas les cousines…) pour éviter les conflits, et la seconde de ne pas tuer le père (éviter le fratricide). Ces 2 règles ont sauvé l’organisation sociale qui a pu évoluer.

13.9 LE NARCISSISME

Écho et Narcisse de John William Waterhouse, 1903, Walker Art Gallery, Liverpool.
Écho et Narcisse de John William Waterhouse, 1903, Walker Art Gallery, Liverpool.

La libido est le support représentatif des manifestations psychiques en termes de dynamique. La notion de narcissisme va permettre de mettre en évidence la libido en tant que force psychique quantitative.


Pour Freud, il y a deux forces pulsionnelles : la pulsion du moi (les tendances du moi) et la pulsion sexuelle (les tendances sexuelles).

Les tendances du moi découlent de l’instinct de conservation (de l’individu) et sont considérées comme asexuelles, les tendances sexuelles aspirent à la sexualité (reproduction et développement du groupe).
Le véhicule des pulsions sexuelles est la libido : Une dépense d’énergie que le moi affecte aux objets de ses tendances sexuelles (une satisfaction par le moyen de ces objets).
Le véhicule des pulsions du moi est  » l’intérêt « , le besoin qui regroupe les dépenses d’énergie consacrées à la conservation de soi (faim, soif, sécurité…)
La libido peut investir un objet de désir (libido objectale) et elle peut aussi investir le moi (libido du moi/ libido narcissique).


Hypothèse freudienne : « le narcissisme est présent depuis toujours « . Ce narcissisme est dit  » primaire « , car il désigne un état premier précédant l’unification du moi au cours de la vie fœtale, quand le sujet n’est pas encore différencié de l’objet (stade anobjectal).
Le narcissisme secondaire désigne un retour de la libido sur le moi, libido qui s’est désinvestie des objets de désir. Dans ce cas lorsque l’une diminue, l’autre s’accroît.