01 – Bouddhisme – Courants

Le Bouddhisme actuel est composé de 3 courants :

Hinayana / Theravada :  » Petit Véhicule « , nom donné par les gens du courant majoritaire qui s’est formé plus tard, Bouddhisme de base, les enseignements, les pratiques et les formes sont probablement les plus proches de celles du Bouddha historique.

Mahayana :  » Grand Véhicule « , courant majoritaire, c’est une forme plus ouverte avec des approches plus accessibles du grand projet à l’Éveil.

Vajrayana :  » Véhicule de Foudre ou Véhicule de Diama, le chemin tantrique est une forme de bouddhisme où des pratiques yoguiques et des rituels magiques sont introduites pour assurer l’illumination, l’éveil.

1.1    Hinayana, le Bouddhisme de base, le petit véhicule

Le Bouddha était un maître spirituel dynamique qui donnait ses enseignements selon les demandes et les situations. Bien que possédant une aura et une autorité naturelles , il n’essaya jamais de se montrer comme un leader, et ne nomma aucun successeur. Il voulait très nettement apprendre à ses disciples à ne se fier qu’à eux-mêmes, et à éviter les pièges qui vont de pair avec le pouvoir et l’autorité. Il indiqua que, s’il y avait besoin de guide après sa mort, il fallait se référer à ses enseignements.

Dipankara
Dipankara, le 1er Bouddha : bouddha légendaire considéré comme le premier à  » avoir apporté la lumière » (de la doctrine) au monde. Il symbolise l’ensemble des bouddhas du passé.

Après sa mort, les disciples se sont réunis en un grand concile durant lequel ses enseignements furent répétés oralement. Finalement, et non sans difficultés, une version  » autorisée  » vit le jour. Elle fut transmise oralement pendant 400 ans. Une version fut écrite au I er siècle au Sri Lanka : le Canon Pali (le Pali est une des anciennes langues mortes de l’Inde) ou Tipitaka (Tripitaka),  » les 3 Corbeilles « .

  1. Vinaya Pitaka (Corbeille de Discipline) : Elle inclut le code des règles que doivent observer les moines et les nonnes et quelques autres items.
  2. Sutra Pitaka (Corbeille des Enseignements) : Elle inclut la collection des discours du Bouddha.
  3. Abhidharma Pitaka (Corbeille des Hauts Enseignements) : Elle inclut les idées philosophiques implicites de base des enseignements du Bouddha.

D’une certaine manière le schéma classique de la formalisation s’est reproduit ici. Peut-on réellement capturer et figer la réalité de l’esprit des enseignements ? Le danger d’une interprétation fondamentaliste peut apparaître. Les enseignements du Bouddha n’ont probablement pas été faits en Pali, ni en Sanskrit (langage des prêtres dans l’ancienne Inde), peut être en Magadhi (langage du Royaume de Magadha), puis ils ont été diffusés par les disciples dans d’autres langues régionales, et cela pendant 400 ans. Il est donc probablement conseillé de lire le Canon Pali dans un esprit à la fois appréciatif et critique, sans se fixer sur une compréhension littérale et en essayant de s’imprégner de l’esprit sous-jacent.

1.2    Mahayana, le Grand véhicule

Le Boddhisattva Manjusri :  aîné de boddhisattva, il aurait répandu la doctrine en Chine et au Tibet, seigneur de la sagesse inspirant chaque être soucieux de répandre la Doctrine.
Le Boddhisattva Manjusri : aîné de boddhisattva, il aurait répandu la doctrine en Chine et au Tibet, seigneur de la sagesse inspirant chaque être soucieux de répandre la Doctrine.

Le Boddhisattva Manjusri :  aîné de boddhisattva, il aurait répandu la doctrine en Chine et au Tibet, seigneur de la sagesse inspirant chaque être soucieux de répandre la Doctrine.

Dans cette forme de bouddhisme l’idéal spirituel de l’arhat (le Noble assuré de l’éveil)) est remplacé par celui du bodhisattva. L’arhat a atteint l’éveil, mais pour lui-même seulement. Le bodhisattva est éveillé mais il reste dans le Samsara jusqu’à ce que tous les êtres soient sauvés du cercle des renaissances et de la souffrance. Il cherche le Nirvana pour aider les autres, et dans cet aspect il ressemble plus à l’attitude du Bouddha. Dans le Mahayana, les concepts de bodhisattva et de bouddha se fondent l’un en l’autre. Les étapes du bodhisattva sont répertoriées et passent par les 6 perfections (paramitas) citées dans le bouddhisme de base. Cependant, l’accent est mis sur 2 vertus qui sont la compassion (karuna) et la sagesse (prajña).

Le Bouddha , considéré comme un principe supramondain, se manifeste en trois corps de manière à apparaître dans différents mondes et différents temps :

  1. Le Nirmanakaya : Corps dans lequel il apparaît en ce monde, corps non pas réel mais plutôt considéré comme une émanation magique ayant pour but la compassion.
  2. Sambhogakaya : Corps céleste qui lui permet d’enseigner aux bodhisattvas et consorts.
  3. Dharmakaya : Corps cosmique relié au Dharma, à la Loi, la quintessence des qualités bouddhiques.

Le bouddha historique est aussi appelé Tathagata : celui qui a réalisé l’aséité, ou ainsité;

Une phrase clé du Raja Yoga est  » Tat Wam Asi « ,traduit par « Tel est l’absolu, Tu es ainsi « 

Parfois aussi traduit par « je suis toi/ tu es moi ».

Le panthéon mahâyânique est vaste, composé de bouddhas cosmiques qui représentent des qualités :

  • Amitabha,  » La Lumière Infinie « , Bouddha de l’Ouest ;
  • Dipankara, le bouddha qui symbolise l’ensemble des bouddhas du passé ;
  • Maitreya, le bouddha du futur ;
  • Avalokiteshvara, le Bodhisattva qui regarde en bas vers la misère du monde, le célèbre mantra « Om Mani Padme Hum » lui est dédié en tant que sauveur du libérateur du karma négatif ;
  • Manjushri, le Bodhisattva de la sagesse inspirant chaque être soucieux de répandre la doctrine, il aurait répandu le bouddhisme en Chine, au Tibet.

Le bouddhisme de base était concentré sur les monastères et orienté sur la bataille héroïque pour le Nirvana par effort personnel. Il n’était pas conçu pour l’homme ordinaire, une évolution a été nécessaire pour que chacun puisse exprimer sa foi et, conscient de ses propres limites, pour pouvoir avoir de l’aide extérieure.

1.3    Vajrayana ou Bouddhisme tantrique (Tantra)

Om Mani Padmé Hum
Om Mani Padmé Hum : (son d’invocation) joyau lotus (son de libération de l’énergie)

Celui qui voyage en Inde peut rencontrer un sadhu, un saint homme nu, le corps couvert de cendres, une longue barbe, des dread locks, des hiéroglyphes tatoués sur le front, avec un regard sauvage et fou. C’est un tantrika, un adepte du Tantra. Il fréquente les charniers et autres places macabres, pratiquant des rites indicibles. C’est un anarchiste spirituel qui va à l’encontre de l’orthodoxie religieuse. Cependant, dans l’Inde tolérante, il n’a jamais été nié que le chemin tantrique ne soit pas valide, même s’il n’est pas conseillé à tous ceux qui recherchent l’éveil.

Quand le Mahayana s’est essoufflé à son tour, le Tantra a intégré le courant principal vers le VIIe siècle. Le Vajra est un symbole bouddhique dérivé de la foudre du Dieu védique Indra : une décharge massive d’énergie qui déchire toute illusion et apporte l’illumination. le Vajrayana est dit permettre d’accomplir l’éveil en une vie, alors que les 2 autres courants nécessitent un nombre incalculable de vies.

Le but des pratiques tantriques est de transformer le corps , la parole et l’esprit en ceux d’un bouddha éveillé par des moyens yoguiques. Un certain nombre de méthodes ont été mises au point telles que les mandalas (modèles symboliques du cosmos), les mantras (formules sacrées, les mudras (positions des mains et pieds), et des accessoires tels que le vajra (4 griffes réunies par un axe central symbolisant la pureté et la dureté du diamant pour représenter l’indestructibilité de la vraie Réalité, les 5 axes représentant les 5 bouddhas transcendantaux, c’est aussi le symbole du chemin et de la méthode), la vajrakila (dague rituelle qui sert à soumettre les forces démoniaques à la Loi en les clouant au sol), la ghanta (symbole féminin représentant la sagesse, le but, la transition, et est associée au vajra). Le pouvoir de ceux-ci tient au fait que dans le Tantra tout est investi d’énergie cosmique

Dans la tradition tibétaine, il y a 4 catégories de Tantra :

  1. Kriyatantra (tantra de l’action)
  2. Caryatantra (tantra de la représentation)
  3. Yogatantra (tantra du yoga)
  4. Anuttarayogatantra (tantra du plus haut yoga), supérieur aux 3 autres car dans ce cas le yogi agit sur le corps subtil au travers duquel circule l’énergie cosmique par des canaux mystiques (voir Bouddhisme & Énergies : Kundalini).

Les tibétains fonctionnent avec des  » déités  » spéciales, les Yidams qui ont des aspects doux ou courroucés et qui sont toujours imprégnés de qualités d’éveil. Le Tantra a ses propres textes (trantra = écritures), mais le gourou (lama, maître) tient une place très importante. C’est celui qui peut guider l’étudiant à travers les dangereuses fantasmagories du monde psycho-spirituel pour atteindre les rives de l’illumination. Le tantra est voilé de secrets et sa pratique ne peut commencer qu’une fois le rite d’initiation passé (abhisheka) lorsque l’initié met un pied dans le mandala du  » dieu  » qu’il a choisi.

On voit donc que le Tantra a apporté des éléments pratiques de yoga et des éléments de  » magie  » au bouddhisme. Cette magie n’opère pas sur un plan rationnel, mais en invoquant des strates de la psyché moins développées, mais non moins puissantes (émotions, instincts). Ces plans peuvent être réanimés et mobilisés pour un travail vers l’éveil. Ces pratiques sont bien différentes de la forme orthodoxe, et inévitablement, lors de la formalisation du tantrisme, des mesures ont été prises pour  » nettoyer  » et organiser tout cela. Finalement, ces systèmes ont été intégrés et ont évolué de telle sorte que le Vajrayana a été placé au-dessus dans la hiérarchie des traditions bouddhiques. Le pouvoir régénérateur du Tantra (sa qualité  » anarchique « ) a quand même, et jusqu’à un certain point, été  » adouci  » dans l’intérêt de créer une sorte de Tantra plus  » sûr « .

La question de  » sécurité  » reste néanmoins  » questionnable « . Si l’on regarde l’exemple du Bouddha lui-même, on voit clairement que sa progression spirituelle ne s’est pas faite dans le luxe et la sécurité . il a dû tout abandonner, et s’aventurer seul dans le  » Grand Inconnu « , il a dû se confronter au mystère, au danger comme l’ont fait ses pairs spirituels, ces yogis solitaires tels Milarepa, ou des maîtres chan (zen) chinois, et non pas en rejoignant une institution ou un groupe.

Le bouddhisme a graduellement décliné en Inde après le VIIe siècle, et était devenu lettre morte au XIIIe siècle. La mythologie populaire attribue cela à l’invasion musulmane, ou à l’influence dégénérante du Tantra. Mais il y a d’autres facteurs plus significatifs tels que la tradition hindouiste issue des Védas, qui possède un grand nombre d’idées communes avec le bouddhisme et qui, étant plus flexible, concernait davantage la vie ordinaire du peuple indien.

Mais le déclin du bouddhisme en Inde n’est pas la fin de son histoire, car les enseignements et les pratiques ont été transmises en Asie du sud-est (Sri Lanka, Birmanie, Laos, Cambodge, Viêt-Nam, Thaïlande), en Asie du Nord (Chine, Japon, Mongolie, Tibet, Corée), et à l’ouest (Amérique du Nord, Europe).